Téléchargements, piratage, et moines copistes
November 11th, 2008
Une grande actualité politique, qui nous concerne tous, est la mise en place de législations pour mettre fin (ou limiter) le téléchargement illégal de fichiers, également appelé “piratage”, notamment multimédias. On entend beaucoup de discours, qui nous parlent de “comportements moyenâgeux, où, sous prétexte que c’est du numérique, chacun pourrait librement pratiquer le vol à l’étalage” (copyright Sarkozy, cf ici). Un point qui me semble tout à fait significatif sur ce discours, est l’idée que les évolutions de la technique ne doivent pas impacter les modèles de distribution et de rémunération des auteurs.
Puisqu’on parle de Moyen-âge, ceci me rappelle un ancien état de fait, peut-être pas si lointain. Dans ces périodes reculées, les seuls instruits étaient (en gros) le clergé, et les moines disposaient du privilège (et du temps) de s’instruire, de copier les livres et de maintenir des bibliothèques pour érudits. Ceci a été chamboulé par une invention technique : la machine à imprimer de notre ami Gutenberg. À l’époque, cela n’a pas plu, car cela remettait en cause le privilège des copistes… Mais le bien commun a triomphé : la multiplication des livres a ouvert la voie, lentement, à l’instruction de masses : le modèle de partage et de transmission de l’information en a été totalement remis à plat, et, semble-t-il dans une bonne direction.
L’informatique, et le réseau, c’est l’imprimerie puissance 10. Bien entendu, cela remet en question les intérêts particuliers de distributeurs, qui se retrouvent dans un système où ils n’apportent plus aucune valeur. Qui peut s’étonner de voir leurs profits chûter ? C’est une bonne chose, cela prouve qu’une certaine révolution est en marche. La révolution du partage total de l’information. Cela a pris du temps pour l’imprimerie, et cela en prendra également à notre siècle. Mais les positions de dinosaures affichées par nos politiques me font sourire.
C’est une grande chance de vivre une telle période. Et au passage, salutation aux quelques artistes intelligents qui ont déja compris que ce changement est en marche, et qui l’accompagnent!